mercredi 16 mars 2011

Asnières sur Seine: racines de la violence et mesures de l'inefficience



















Notre iconographie du jour continue à se pencher sur les liens évidents, connus, identifiés entre violences urbaines et chômage ainsi que précarité de masse de la jeunesse en France et en Europe.

Pour illustrer notre propos, nous proposons d'abord la couverture du livre qui dit les choses clairement sur le sujet "Cerise sur le béton", travail qui montre bien qu'à l'inhumanité des autorités et des politiques envers une partie de la jeunesse répond un phénomène MONDIAL de "bandes" de plus en plus violentes. C'est ainsi que la répression policière n'est pas une solution viable parce que le problème n'est pas une question de sécurité, mais une affaire de cohésion sociale par l'intégration de toutes et tous dans une société qui a besoin de prospérité partagée et non d'austérité inégale aggravant les maux sans résoudre une seule difficulté.

Ensuite, nous montrons un dessin satirique sur la situation sociale en France qui ressemble effectivement à un tonneau de poudre prêt à exploser contre un pouvoir qui ne peut plus offrir un avenir meilleur à toute la population, mais s'acharne à seulement maintenir des privilèges scandaleux pour une infime minorité.

Afin de bien montrer en quoi consiste ce tonneau de poudre sociale, nous présentons un tableau (officiel, c'est à dire fortement atténuée par la précarité massive et les non-déclarations) de la situation de la jeunesse en France et dans divers pays. Le phénomène est général, il nécessite donc une solution d'ensemble coordonnée.

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Violences, bandes et fond social des choses


Les violences qui se succèdent depuis plusieurs jours sur Asnières et Gennevilliers ne sont pas des incidents dus au hasard, mais bien la continuation de processus d'exclusion sociale, économique et politique que tout la pays a découvert en 2005 avec ce qui a été appelé improprement « crise des banlieues ».

Ainsi, les phénomènes de « bandes » rivales s'affrontant de commune à commune ou de quartier à quartier existent depuis des décennies en France et ailleurs. Ce qui a changé est que le phénomène, de provisoire dans les années 1960-0970 du fait des possibilités d'intégration sociale et économique, est devenu une donnée pérenne du fait de l'absence de ces possibilités d'intégration à la société pour une partie croissante de la jeunesse, ballotée entre précarités sociale, mépris des autorités, des structures politiques et des entreprises, rejet apeuré d'une partie de la société et absence totale d'avenir social stable, pérenne et décent.

En résumé, les « bandes » sont devenues une forme d'existence sociale, de « famille », de « société dans la société » pour toutes celles et tous ceux que la société actuelle officielle rejette ou se refuse même à voir car ces « bandes » renvoient aux couches sociales supérieures une nette image du déclin de civilisation qui a lieu depuis des décennies, mais qu'autorités et politiques veulent nier car ce serait alors reconnaître leur échec le plus terrible.

Il existe un exemple historique connu de ce type de situation: la période européenne appelée «  les Ages sombres » ou « Dark ages » en anglais.

Ce terme désigne la période de terrible recul économique, social, culturel qui a suivi l'écroulement de l'Empire romain et qui a duré jusqu'à la Renaissance – de 476 jusqu'aux années 1450, pour la situer dans le temps.

Cette époque fut marquée par le retour des populations vers les campagnes, le déclin des Etats centralisés et leur explosion en une multitude de pouvoirs locaux plus ou moins en conflit les uns contre les autres pour la subsistance, la montée des dogmes religieux et des tendances hérétiques diverses (avec leurs cortèges de massacres, de bûchers et de guerres civiles localisées).

C'est de cette période d'effondrement formidable de la société que date l'émergence, dans ce contexte dramatique, de collectivités libres de paysans, éleveurs, combattants, mercenaires, que l'on appela les « bagaudes », en clair les « bandes » de l'époque, expulsées de structures sociales du moment!

Car, tout au long de l'histoire humaine, l'apparition des « bandes » durables est un signe de déclin fort de la société. Que ce soit en 500 ou maintenant!!!

Certaines légendes connues rappellent cette époque et l'existence de ces collectivités libres, comme celle de Robin des Bois et sa bande de « hors la loi » (outlaws en anglais) se défendant par les armes contre les despotes locaux désireux de les asservir et de les transformer en serfs dociles. Il en est de même en Allemagne, en Italie, en Espagne, et ailleurs en Europe à travers des dizaines de récits légendaires.

Ceci rappelé pour mémoire et comparaison, revenons maintenant à la situation en mars 2011 à Asnières.

Donc, en 2011, autorités et politiques entendent « répondre » à une crise profonde de société que ces phénomènes de « bandes » manifestent, soit par la répression policière permanente qui ne règle rien quant au fond, ceci associée à des « mesures administratives  disciplinaires» de type « couvre-feu » comme en temps de guerre.

Résultat prévisible: les problèmes s'aiguisent, les tensions deviennent agressions, la police s'épuise en actions vaines qui dépriment les fonctionnaires concernées, les politiques essaient de se valoriser en pratiquant une communication « verbale » abstraite sans rien de concret à l'arrivée qui soit de nature à résoudre de manière pérenne les choses.

Eu un mot, ce qui est fait pour le moment revient à jeter des gouttes d'eau sur un immense incendie qui s'étend chaque jour en pensant que ces gouttelettes vont éteindre le brasier.

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Pour  un vrai et sincère "PLUS JAMAIS CELA"!



La racine du mal est clairement identifiée: le problème est social, donc la solution est SOCIALE!

Si autorités et politiques veulent REELLEMENT STOPPER les violences, les mesures nécessaires sont d'une évidence aveuglante:

créer des emplois pérennes afin de donner un futur humain à cette jeunesse, doter ces postes de travail de salaires décents, permettre une formation qualifiante adaptée qui puisse donner un avenir aux jeunes citoyens concernés, en un mot, promouvoir à tous les niveaux l'intégration sociale de toutes et tous dans le respect et la dignité.

Si la société offre à toute sa jeunesse un destin digne et décent par le travail et la respect, alors, les racines des violences actuelles seront détruites et la sécurité sera VRAIMENT assurée dans un contexte pacifique parce que cette sécurité sera fondée sur des intérêts vraiment communs.

L'Europe est sortie vers 1450 des « Ages sombres » par la Renaissance, une époque d'essor économique, social, culturel, scientifique, artistique, intellectuel. 

La prospérité a généré une société globalement plus sûre, plus stable et  plus paisible car la richesse commença à se répandre dans TOUTE la société. Le besoin de violences pour subsister fut remplacé alors par le désir de participer à l'enrichissement général afin de bâtir son propre bien-être.

Autorités et politiques devraient donc s'inspirer de l'histoire afin de traiter les problèmes actuel et urgents à leurs vraies racines.

Si cela n'est pas fait rapidement, nous aurons à déplorer de nouveau des morts, des blessés et des violences car rien n'aura été entrepris pour tarir la source CONNUE de ces violences!

D'autres Samy mourront, d'autres jeunes citoyens seront agressés, le feu ne sera pas éteint......

Nul politique ne pourra dire qu'il ne savait pas ce qu'il fallait faire, dans la durée et en profondeur, pour éviter d'autres mères de famille endeuillées, d'autres drames, que du sang soit encore versé pour rien.

Sans les mesures sociales générales que nous avons évoquées plus haut, aucun "plus jamais cela" des autorités et des politiques de toutes couleurs ne sera sincère, ni ne pourra se réaliser dans les faits.




Marylise Dipusu


Chapitre 429 des Chroniques asnièroises d'après le 16 mars 2008